Le Renouveau du Pardon des Cieux


 Les pardons sont les fêtes de l'âme 
François Menez


En ce dimanche 4 août le village de Huelgoat semblait baigner dans une lumière particulière, celle d'un passé retrouvé.
Les rues, d'ordinaire si paisibles, étaient ce matin-là animées par une fébrilité inaccoutumée, comme si les pierres des siècles passés se réveillaient et se souvenaient. Les habitants, parés de leurs habits du dimanche, se dirigeaient en petits groupes vers la chapelle Notre Dame des Cieux, surplombant le paisible bourg. L'âme du village.
À dix heures et demie la chapelle était pleine à craquer. L'air était imprégné d'un parfum mêlé d'encens et de fleurs fraîches, embaumant les lieux d'une aura presque mystique. Le père Yvon Le Goff présidait la messe d'une voix grave et douce et ses paroles, résonnant sous la nef, apportaient une chaleur réconfortante, comme un souvenir d'antan, dans les cœurs de l'assemblée.


Une heure plus tard la procession s'ébranla en un long ruban coloré quittant la chapelle pour descendre la rue des Cieux en direction de l'église Saint Yves. Les porteuses de la statue de Notre Dame des Cieux, l’élément central de ce grand pardon, portaient à l'épaule la figure sacrée soigneusement sortie de l’église pour cette occasion religieuse. Le prêtre marchait à leur suite, psalmodiant des prières empreintes de gravité et de ferveur.
Derrière lui, des hommes et de femmes défilaient en brandissant avec fierté de splendides bannières brodées, dont les motifs riches et colorés ondulaient gracieusement au gré de la brise légère.
Sonneurs et Huelgoatains costumés en habits traditionnels accompagnaient le cortège faisant frissonner les maisons ancestrales et les habitants qui sortaient sur le pas de leur porte pour assister au spectacle, évoquaient la mémoire de leurs anciens aux secrets bien gardés.



Aux alentours de midi, le cortège atteignit la place du village, où l’église Saint Yves, un édifice imposant, semblait attendre patiemment le retour de ses fidèles.

Là, devant l'autel, la statue fut déposée avec soin, tandis que le prêtre la bénissait et que l'assistance priait avec ferveur emportée par l'émotion.

À la fin de la cérémonie, sur le parvis de l’église, les sonneurs et les danseurs ajoutèrent une touche festive à l’événement, animant la foule avec des démonstrations de danses bretonnes, dont les mouvements vivaces et les rythmes enjoués résonnaient dans l’air, ajoutant une note de gaîté à cette journée mémorable.



Vers 14 heures, la fête prit une nouvelle dimension avec le début d'un grand Fest-Deiz appelant habitants et visiteurs à rejoindre la danse. Les rires et les chants résonnaient, portés par une brise légère qui semblait vouloir s'attarder sur cette scène de bonheur partagé. Les couples tournaient, les enfants couraient, et les anciens, assis sur des bancs improvisés, contemplaient ce spectacle avec un mélange de nostalgie et de joie.
La soirée s'étira, douce et paisible, marquant la fin d'une journée où le passé et le présent s'étaient donné rendez-vous. Huelgoat, bercée par les dernières notes de musique et les éclats de rire, retrouvait peu à peu son calme. Mais dans le cœur de chacun, le renouveau du Pardon des Cieux laissait une empreinte indélébile, celle d'une tradition vivante, d'une communauté unie, et d'un jour où le temps semblait s'être arrêté pour laisser place à la magie des souvenirs retrouvés.








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